Fusion d’exposition avec Gimp

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? C’est la question à laquelle nous allons essayer de répondre dans ce tuto!

Nous allons nous intéresser à une méthode d’éclairage particulière: la fusion d’expositions partielles. Le titre peut faire peur mais je n’ai pas trouvé mieux (d’ailleurs il existe peut être un nom « officiel » mais je ne l’ai pas trouvé non plus). Il s’agit de prendre plusieurs photos d’une même scène en faisant varier l’éclairage. Ensuite, avec un logiciel de traitement (ici Gimp), de combiner les images entre elles pour obtenir un composite avec une lumière inédite.

Voici l’exemple que nous allons traiter dans cet article. Les trois photos suivantes ont été prises suivant le même cadrage mais en faisant varier la source de l’éclairage:

fusion partielle 01

La lumière vient d’en bas à gauche…

fusion partielle 02

…d’en haut à gauche…

fusion partielle 03

…de la droite

Toutes ces images, une fois fusionnées entre elles, permettent d’obtenir un éclairage réparti sur toute l’image.

fusion partielle final

Applications

Très bien mais vous allez me demander à quoi ça sert ? Pourquoi prendre plusieurs photos d’une même scène alors qu’une seule pourrait suffire ?

  • Éclairer une scène vaste. Dans une grande pièce, la portée du flash est insuffisante pour couvrir tout l’espace. En faisant l’éclairage en plusieurs fois, il est possible d’éclairer une pièce de grand volume.
  • Aller au delà des limites de votre matériel d’éclairage. Avec un flash, vous pouvez simuler l’effet de dix flash si vous le souhaitez.
  • Créer des effets de lumière impossibles en une seule prise de vue fois. C’est de loin l’intérêt principal de cette technique. Avec plusieurs photos, vous pouvez combiner les prises de vue comme bon vous semble: rien ne vous empêche de fusionner une pose longue, une prise de vue au flash et un light painting.

Prise de vue

L’utilisation d’un trépied est indispensable: toutes les photos doivent être prises avec exactement le même cadrage. Si l’appareil bouge entre deux prises de vue, l’image composite sera légèrement floue.

Veuillez à garder la même focale (pas de changement du zoom) et la même ouverture (pour conserver une profondeur de champs constante). Rien ne vous empêche de faire varier le temps de pose (car il n’impacte pas le cadrage).

Pour la sensibilité (les ISO), c’est un peu plus compliqué. Rien ne vous empêche de la faire varier mais la conséquence sera que certaines photos de votre série seront plus bruitées que d’autres. Comme elles vont ensuite être assemblées, ça peut créer des variations du bruit sur la photo composite. L’idéal est de conserver une valeur ISO la plus faible possible pour limiter le bruit. C’est d’autant plus vrai qu’avec ce genre de manipulation le bruit présent sur les différentes images a tendance à se cumuler sur l’image composite (c’est le cas aussi pour le HDR dont le résultat est souvent très bruité).

Post-traitement

Nous abordons maintenant le cœur du tuto. Vous avez les photos, il reste maintenant à les fusionner. Vous allez voir que l’assemblage est archi-simple. Du moins la méthode de base, il est possible d’aller plus loin ensuite…

Ouvrez une des photos dans Gimp puis ouvrez les autres dans le même document : menu Fichier > Ouvrir en tant que calque. Vous devez avoir toutes les photos dans le même projet.

Pour ne pas vous perdre dans le montage, je vous conseille de renommer les calques en fonction de ce qu’ils représentent. Ici, j’ai choisi de les nommer selon la source de l’éclairage. Avec un nom bien choisi, il est plus facile de s’y retrouver.

renomer les calques

Pour l’organisation des calques dans la pile, je vous conseille de mettre le plus sombre tout en bas (ici celui que j’ai appelé « haut gauche »). Pour les autres, l’ordre n’a pas vraiment d’importance.

Renommer les calques dans un projet est une très bonne habitude à prendre. Ici il n’y en a que trois, il est facile de s’y retrouver mais vous pouvez en avoir plusieurs dizaines et la c’est plus compliqué…

Maintenant, il ne reste plus qu’a fusionner tous les calques visibles en choisissant pour chaque calque le mode Addition.

calque mode adition

A ce stade, vous obtenez ceci :

fusion surexposition

Les photos sont bien fusionnées mais on ne peut pas dire que le résultat soit satisfaisant car toute la partie inférieure de l’image est surexposée. C’est tout à fait normal car en mode addition, la lumière d’un calque s’ajoute à celle du calque qui est juste en dessous. En ajoutant des luminosités, certains pixels deviennent trop lumineux. Dans notre cas, les zones sur-exposées correspondent à celles qui sont éclairées sur les trois photos : comme la lumière s’ajoute, il y a finalement trop de lumière.

Pour réduire ce problème, il suffit de modérer l’impact de chaque calque en modifiant son opacité. A vous de jouer avec le curseur de l’opacité pour trouver la plus juste. Ici, j’ai choisi 40 % pour le premier et 30 % pour le deuxième.

calque opacite 40

Le calque tout en haut avec une opacité de 40 %

calque opacite 30

Celui en dessous à 30 %

Dans tous les cas, le calque tout en bas de la pile doit garder une opacité à 100 %. C’est pour cette raison qu’il est préférable d’avoir le plus sombre en bas : c’est celui qui apporte le moins de lumière à la composition. Avec ce calque, une opacité complète n’entraîne pas de surexposition.

Avec ces réglages, vous devez obtenir le résultat final :

fusion partielle final

Conclusion

Dans l’exemple, je n’ai pris que trois photos mais il n’y a théoriquement pas de limite de nombre. Sachez quand même que la difficulté augmente avec le nombre d’images et qu’il est parfois difficile d’obtenir une exposition correcte avec plus de cinq ou six photos.

La technique de fusion d’image est assez simple. Il suffit d’empiler les images et de jouer sur l’opacité. C’est finalement la prise de vue qui reste complexe. Il faut faire attention au cadre, à l’exposition puis au placement des éclairages,… Si c’est une technique de retouche c’est encore la photo qui demande le plus de travail.

Notez qu’il est possible de réaliser cet effet sans aucun post-traitement, en utilisant le principe de la double exposition. Vous obtenez un résultat instantanément. En contrepartie, ça demande de la rigueur et une grande maîtrise de l’exposition et du placement des éclairages. En pratique, ça rend son application extrêmement complexe.